TERRITOIRE

Le Ndakina

Saviez-vous que les communautés d’Odanak et de W8linak ne sont qu’une infime partie de l’ensemble du territoire traditionnel w8banaki ? En effet, à l’époque précédant la colonisation, les W8banakiak occupaient un très vaste territoire de Boston aux États-Unis jusqu’au Québec, dans la vallée du Saint-Laurent. Imaginez qu’à cette époque, environ 26 000 W8banakiak occupaient l’ensemble de cet immense territoire !

Étant un peuple semi-nomade, les W8banakiak se déplaçaient un peu partout sur leur territoire autant pour suivre le gibier selon les saisons, que pour aller à la rencontre d’autres groupes w8banakiak afin d’y effectuer des échanges, des mariages et des célébrations. Les nombreuses rivières formaient un grand réseau d’autoroutes fluviales qui facilitait les longs déplacements en territoire. Pour vous donner une idée de l’ampleur du Ndakina, jetez un coup d’œil à la carte ci-dessous sur laquelle le territoire traditionnel w8banaki est défini par la couleur verte. De nos jours, deux communautés w8banakiak se situent au Québec, soit Odanak et W8linak, tandis que l’on retrouve cinq autres communautés w8banakiak aux États-Unis.

Dans cette section, vous découvrirez et en apprendrez plus sur le Ndakina ainsi que sa grande richesse traditionnelle, culturelle et historique. Bonne découverte !

La route des
paniers

En août 2019,
des jeunes de la Nation Abénakise accompagnés par une équipe de chercheurs, ont suivis la route des paniers jusqu'au Maine.

Wôlinak, qui signifie « à la baie », a été fondé en 1704. C’est le lieu d’établissement d’une des deux communautés abénakises au Québec. Il se situe en bordure de la rivière Bécancour, près de la ville du même nom, au Centre-du-Québec.

Bon nombre des Abénakis établis à Bécancour viennent de Mégantic. Lorsqu’ils arrivent à Bécancour, ils s’installent d’abord sur une île, qui porte aujourd’hui le nom de Montesson. Une chapelle y est construite pour ces Abénakis qui sont chrétiens. Cependant, après plus de 30 ans d’établissement, ils se voient dans l’obligation de quitter les lieux pour l’île aux Sauvages lorsque la Seigneurie de Bécancour change de propriétaire. Ils sont ensuite chassés une nouvelle fois pour se retrouver, en 1735, sur le terrain qu’ils occupent encore aujourd’hui. L’église qui y est érigée accueille les Canadiens des environs, qui profitent de sa proximité pour la fréquenter jusqu’à ce qu’une autre soit bâtie à Bécancour. En 1757, des colons français, mécontents de l’intendant qui a donné des terres aux Abénakis, incendient l’église de Wôlinak. La croix du clocher, sauvée des flammes, se dresse maintenant au milieu du village. La cloche, quant à elle, se trouve au parlement provincial, à Québec.

En 1812, alors que la plupart des Abénakis sont partis combattre pour défendre le Canada, une partie de leurs terres est usurpée par les colons français et quelques jésuites. Le territoire qui subsiste après ce vol correspond à celui occupé par les Abénakis de Wôlinak à ce jour. Aujourd’hui, la communauté de Wôlinak occupe une superficie d’environ 700 m², qui compte un peu plus de 100 habitants sur une population d’environ 400 membres. Lors de la saison estivale, une petite chapelle d’interprétation de l’histoire et la culture abénakise est ouverte au public et un pow-wow est organisé
annuellement pour célébrer la diversité des nations autochtones. Les Abénakis de Wôlinak déploient de nombreux efforts afin de revitaliser leur culture, de se reconnecter aux pratiques ancestrales et renforcer leur appartenance identitaire à leur nation.

La communauté abénakise d’Odanak (au village en abénakis) fut officiellement fondée en 1700 lors de l’établissement d’une mission jésuite à l’intérieur de la fortification des Abénakis. La superficie originale de la seigneurie des Abénakis s’étend sur environ 64 km². À cette époque, les Abénakis pratiquent une économie de subsistance basée sur la chasse, la pêche, la trappe, la cueillette de petits fruits ainsi que sur l’agriculture du maïs, des haricots, des courges, des pommes de terre et du tabac. Ils confectionnent des paniers tressés de frêne et de foin d’odeur pour la cueillette de baies sauvages et font bouillir la sève des érables pour faire du sirop. Lors des guerres franco-anglaises, les Abénakis s’allient aux Français. Une anecdote tirée de cet épisode relate l’histoire d’un Chef abénakis dénommée Nescambuit qui aurait défendu la Nation des ennemis du roi Louis XIV, qui le reçut au rang de chevalier. La vannerie demeure une activité traditionnelle pour les membres des deux communautés.

Aujourd’hui la communauté d’Odanak est d’une superficie d’un peu plus de 6 km² où environ 400 abénakis qui y demeurent. La population totale inscrite à Odanak s’élève à un peu plus de 2 500 membres. Le développement de projets à vocation touristique permet aux Abénakis de favoriser leur économie tout en préservant leur culture et leurs traditions. Par exemple, depuis 1960, la Société historique d’Odanak gère l’un des plus importants et premier musée autochtone du Québec, à quelques kilomètres de l’axe Québec-Montréal. Le Musée des Abénakis accueille au-delà de 12 000 visiteurs chaque année.

UNE ENTREVUE AVEC MICHEL DURAND

À venir